Jane Collins et Mounir Aziz Daoud |
Miracles and Missions Digest, n° 1, mars 1956 |
Avec Jane Collins, on est bien loin de la figure subalterne de l'épouse discrète, sans statut reconnu, réduite à seconder son époux dans le cadre du ministère de ce dernier, comme c'est encore le cas aujourd'hui dans le cadre des ADD de France. L'évangéliste texane s'inscrit en fait dans la lignée des prédicatrices pentecôtistes nord-américaines réputées telles que la canadienne Aimee Semple McPherson (fondatrice de l'Eglise internationale Fousquare) ou l'américaine Katryn Kuhlman. Comme évangéliste-missionnaire célibataire, elle prêche devant des auditoires de milliers de personnes en Egypte et en Ethiopie en 1952, mais aussi, une fois mariée, en Inde en 1953-1954. C'est elle aussi qui harangue les foules malgaches dès les premières grandes conférences publiques organisées en 1961 dans les environs d'Antananarivo et au marché de Fenoarivo (voir vidéos ci-dessous). Et lorsque, après avoir fondé, en juillet 1963, la toute première Eglise pentecôtiste à Madagascar, connue sous le nom de Jesosy Mamonjy (Jésus Sauve), les époux Daoud mettent en place une école biblique pour former les futurs pasteurs malgaches de l'Eglise en question, c'est Jane Collins qui, forte de son bagage théologique acquis dans le cadre des ADD, délivre les enseignements.
Le ministère conjoint instauré par les époux Daoud dans un but d'évangélisation mondiale des masses ne peut manquer d'évoquer celui d'un autre couple d'évangélistes charismatiques nord-américains itinérants dont la réputation s'établit à la même époque : Daisy Washburn (1924-1995) et Tommy Lee Osborn (1923-2013). Jane et Mounir Aziz Daoud s'inscrivent en fait comme les Osborn dans le courant initié vers le milieu des années 1940 par divers "Faith Healers" américains indépendants (A.A. Allen, Paul Cain, Oral Roberts, etc.) dans le sillage des prédications du "prophète" nord-américain William Marrion Branham. Bien qu'issue des ADD - lesquelles ont rejeté très tôt les enseignements de Branham - Jane Collins semble en effet avoir été proche de ce courant de la "guérison par la Foi", précurseur de la "troisième vague" du pentecôtisme mondialisé (dite "néo-pentecôtiste" ou "néo-charismatique") dans les années 1970-1980. Ainsi le journal The Voice of Healing, canal d'expression de ce courant, se fit l'écho des campagnes d'évangélisation de Jane Collins alors qu'elle était encore célibataire (voir ici), puis des premières "croisades" missionnaires du couple Daoud à partir de 1953 (lien ici ou ici).